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Le saviez vous ?

L’adjudant-Chef Peyrol

Un héros de la guerre d’Indochine



Le choix de Bigeard se porta sur le petit poste de Muong-Chên, situé à 33 kilomètres de Nghia-Lô et dont la garnison était composée de 80 volontaires thaïs [1] de la 284e Compagnie de supplétifs locaux, commandés par l’adjudant-chef Peyrol et encadré par trois autres sous-officiers français. Le 20 octobre au soir, la colonne Bigeard atteignit Muong-Chên, situé au sommet d’une colline qui défendait le chemin menant à la Rivière Noire.
La position était composée d’un blockhaus en rondins, de deux petits baraquements et d’un autre blockhaus encore inachevé. Ne disposant pas d’assez de fils de fer barbelés, Peyrol et ses hommes avaient construit des haies de bambous acérés. Conçu à l’origine pour abriter de simples forces de police, le poste n’avait rien du point d’appui solide destiné à endiguer une forte attaque ennemie.
Mais c’était là justement la mission que Bigeard allait confier à l’adjudant-chef Peyrol.

- "Ecoutez, Peyrol", expliqua Bigeard, "J’ai avec moi cinq cents paras et notre mission est de retarder l’avance ennemie pour permettre l’acheminement de nos unités vers la Rivière Noire. Les Viets ont une heure de retard sur nous et il nous faut une avance supplémentaire de trois heures. Vous allez nous les donner, ces trois heures ! C’est le sacrifice de vos deux sections en échange de mon bataillon et de plusieurs autres postes du pays Thaï. Si vous tenez au moins trois heures nous aurons une chance de passer".

Peyrol, un homme de trente-quatre ans, avala sa salive. Avec ses 80 thaïs contre le gros de la Division 312, il n’aurait pas la moindre chance de s’en tirer. Et chez lui, à Verdun, on célébrait aujourd’hui même, l’anniversaire de sa fillette. Il avait même emporté à Muong-Chên une bouteille de champagne pour la circonstance. Du champagne tiède, bien sûr, mais du champagne quand même. Bon, on la boirait un autre jour, si autre jour il y avait.
- Bien, mon commandant, répondit Peyrol.
- Merci, ajouta Bigeard, je savais que je pouvais compter sur vous.

Côte à côte, l’officier et l’adjudant-chef ressortirent dans le crépuscule ; un peu partout les parachutistes s’étaient allongés à même le sol pour se reposer ; ils ne prenaient pas la peine de dessangler leurs paquetages, car ils savaient qu’il leur faudrait repartir d’une minute à l’autre, lourdement chargés de leur ravitaillement, de leurs chargeurs et de leurs blessés.
A 18 h 15 le dernier parachutiste en tenue léopard avait quitté Muong-Chên en direction de l’ouest. L’adjudant-chef Peyrol et le sergent Cheyron se mirent à prendre les mesures nécessaires pour que Bigeard disposât de trois heures de plus. Les partisans Thaï creusaient sans mot dire des nids de fusil-mitrailleur, achevaient d’aménager quelques boyaux reliant les emplacements de tir, et remplissaient de sable des sacs de protection en osier, que les récentes pluies avaient tassés. On ne les avait pas renseignés sur la mission qu’ils auraient à remplir et pourtant grâce à ce mystérieux "téléphone de la brousse" qui fonctionne si bien dans les pays où la population est pratiquement illettrée, ils savaient que de très importantes forces ennemies approchaient ; en bons chasseurs habitués depuis leur plus jeune âge à traquer le gibier, ils avaient évalué leurs propres chances de s’en tirer avec autant de précision que l’avait fait le commandant français.

Moins d’une heure après le départ des parachutistes, les premiers obus des mortiers viets commencèrent à pleuvoir sur Muong-Chên. Une fois de plus, l’ennemi réussit à investir le poste à distance de tir sans éveiller l’attention des patrouilles que la garnison avait lancées pour surveiller les voies d’accès probables. Le service de renseignements Viet, ou ses patrouilles d’avant-garde, avaient comme d’habitude effectué un excellent travail. Profitant d’un léger pli du terrain qui les abritait du tir des armes automatiques, l’ennemi se lança à l’assaut du blockhaus sud. Cette attaque fut suivie de plusieurs vagues de fantassins, armés uniquement de grenades qui submergèrent le fortin inachevé. Ils firent d’abord sauter les barbelés puis les palissades de bambous et enfin tuèrent les servants des fusils mitrailleurs. La première vague de grenadiers lancée contre cet abri essuya de lourdes pertes mais les vagues suivantes apparurent aussitôt : les hommes enjambaient les morts et les blessés et se jetaient en avant.

titre documents joints

Notes

[1Habitants du Pays de Thaï-Thaïlande).


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